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Retour à Forbach

Retour à Forbach n’est pas, loin s’en faut, le premier documentaire à s’intéresser à la montée de l’intolérance et de la peur de l’autre en France. On a même encore en mémoire l’un d’eux, Souvenirs de la Géhenne de Thomas Jenkoe, qui composait à partir de ce sentiment une forme d’exploration de la confusion propre à interpeller le regard. Retour à Forbach de Régis Sauder (à qui l’on doit Nous, princesses de Clèves ) semble, de prime abord, adopter une approche plus classique, pour venir balayer un spectre d’aspects pas vraiment inédits, déjà vulgarisés par les reportages de 20h en période électorale. Sous le prétexte d’un retour à la cité mosellane qui l’a vu grandir (ses parents y vivent encore, leur maison sera bientôt vendue), Sauder interroge quelques habitants – des connaissances, pour certains – et fait ressortir des sujets connus. l’histoire tourmentée de ce fragment de l’Alsace-Lorraine, le déclin industriel, le sentiment d’être laissé pour compte dans la nation, la montée mal vécue de l’immigration, la croissance du vote Front National.

Être forbachois

Le film paraît aborder ces aspects comme une somme de chapitres du mal-être dont la ville fait figure de creuset, suscitant un effet vaguement déconcertant de passage d’un sujet à l’autre sans que le lien entre eux soit immédiat. Il y en a un pourtant. c’est cette fragilité même de la raison vis-à-vis de ce territoire qui s’impose comme matière du documentaire. À plusieurs reprises, un autre sujet se profile en filigrane, qui s’avère sous-tendre tous les autres. le sentiment paradoxal des Forbachois envers leur ville, que beaucoup souhaitent quitter, que certains quittent en effet, mais qui reste néanmoins inscrit en eux. Le récit personnel de Sauder, morcelé à travers le film (sa visite chez ses parents après trente ans d' »exil » volontaire, son père atteint d’une maladie de type Alzheimer), dissémine ce sentiment à travers les considérations sociologiques, les ramenant du lieu commun à une dimension plus intime. Il pousse même l’analyse plus loin. de considérations en apparence anodines sur une décoration intérieure insipide en rappels historiques sur les diverses occupations du territoire, c’est un réel problème d’identité de cette région et de son peuple qui est pointé. Cette incertitude, certains des intervenants la vivent de toute évidence mieux que d’autres – et sous cet angle, les sentiments d’amour-haine du pays et les égarements communautaires semblent réunis par une même cause profonde. Ainsi le classicisme de Sauder et les expérimentations de Jenkoe se rejoignent-ils sur des constats convergents. la confusion des esprits reste le meilleur terreau de la peur de l’étranger – et de soi.

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